LES STUDIOS D’EALING
C’est dans deux jardins mitoyens que les studios d’Ealing virent le jour comme plateau de tournage en extérieur. Leur propriétaire, William Roger Barker, pionnier de l’industrie cinématographique britannique, construisit le premier studio intérieur cinq ans plus tard.
L’Union Studios acheta le site en 1929 mais des difficultés financières conduisirent bientôt à un nouveau rachat par l’Associated Talking Pictures (Les films Parlants Associés), fondée par Basil Dean. L’A.T.P. démarra aussitôt la construction des premiers studios conçus pour le cinéma parlant en Grande Bretagne.
Dean choisit ces studios pour un certain nombre de raison, l’une d’elles étant qu’à cette époque, Ealing détenait le palmarès des journées sans brouillard dans la région londonienne – paramètres essentiels pour l’éclairage et le tournage en extérieur, que Dean affectionnait.
Les comédies classiques que l’on associe aux studios d’Ealing vinrent après l’époque de Basil Dean, qui de son temps, produisait toutefois de nombreux succès. Bien qu’il préférât réaliser des pièces convenables, les plus importants bénéfices provenaient de farces bouffonnes. Les vedettes comiques les plus populaires étaient alors Gracies Fields et George Formby. (No Limit – 1935)
La période » Michael Balcon » :
Pour beaucoup, les fameuses comédies d’Ealing sont associées à Michael Balcon.
Balcon rejoignit les studios d’Ealing juste avant la seconde Guerre, et 95 films furent produits sous sa direction qui dura 20 ans. Mais les comédies qui firent la réputation d’Ealing n’en représentent qu’une très faible proportion. Avant cette période, Dean comme les autres, s’occupait avant tout de faire tourner des personnalités comme Gracie Fields, George Formby et Will Hay.
Cependant, les comédies d’après-guerre eurent pour elles de comporter des scénarios à part entière, et n’avaient pas besoin d’une personnalité ou d’une tradition comique pour « faire » le film. Ces comédies reflétaient la mentalité des gens, leurs conditions sociales et leurs aspirations. Comme Michael Balcon le dit un jour en les décrivant : « Qui n’a pas souhaité dévaliser une banque (de l’or en barres) afin d’accéder à une vie plus facile, se débarrasser de personnes gênantes par une série de meurtres (Noblesse Oblige), faire mordre la poussière aux bureaucrates (Passeport pour Pimlico et Un tortillard pour Titfield) ? »
Les personnages d’Ealing étaient des individus ou des groupes non conventionnels, confrontés à un problème apparement insoluble mais qu’ils finissaient par surmonter d’une manière ou d’une autre. La comédie tenait de la manière dont ils s’y prenaient pour y parvenir.
A l’exception de Whisky à gogo, tiré d’un roman, toutes les comédies célèbres étaient basées sur des idées originales écrites par le grand écran.
Néanmoins, Michael Balcon lui-même reconnaissait ses points faibles. Hormis Gracie Fields, les studios d’Ealing n’eurent jamais de grandes vedettes féminines.
Dans le prologue et l’épilogue de l’Or en Barres, on voit une très jolie fille vendre des cigarettes à Alec Guinness dans le salon de l’aéroport. Balcon ne lui accorda aucune attention. Son nom était Audrey Hepburn…
Les studios d’Ealing aujourd’hui :
En 1955 les studios d’Ealing furent cédés à la BBC.
La production se poursuivit alors dans les studios de la MGM à Borehamwood. Seuls quelques films furent encore produits à Ealing avant la fermeture définitive en 1959.
La BBC s’installa rapidement et se mit à produire une gamme d’émissions sportives et le magazine d’informations » Panorama « , qui est toujours diffusé à l’heure actuelle.
Aujourd’hui les studios d’Ealing sont loués comme plateaux de tournage à des compagnies de production ? Ils appartiennent à la National Film and Television School (NFTV) qui a l’intention de quitter Beaconsfield pour s’implanter à Ealing d’ici deux à trois ans.